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L'APPEL (1888-1899)

Au bord de la mer de Galilée, le Seigneur vit deux frères, Pierre et André, et il les appela: "Venez à ma suite, je ferai de vous des pécheurs d'hommes" (Mt 4, 18-19).

LE SÉMINAIRE DE RIMOUSKI

Avant de lancer notre voile plus au large ne serait-ce pas nous enrichir qu'une rétrospective des lieux où Alexandre Bouillon poursuivit ses études en 1888-1889?

Dès maintenant mentionnons que l'érection du diocèse de Rimouski eut lieu le 15 janvier 1867. Monseigneur Jean Langevin en est nommé le même jour le premier évêque.

Le 26 août, M. l'abbé Pierre Léon Lahaie retournant au diocèse de Québec, le 27 du dit mois. Monseigneur Langevin assume les fonctions de Supérieur du Collège.

Le 4 novembre 1870 eut lieu l'érection canonique du Collège en Séminaire diocésain. Le 24 décembre, le Séminaire acquiert la personnalité civile et devient Séminaire de Saint-Germain de Rimouski.

Lorsque le jeune étudiant se présente au Séminaire le 4 septembre 1888, M. le Chanoine Pierre joseph Saucier en est le Supérieur. Dans cette charge lui succéderont au cours de ses études M. le Chanoine Philippe Sylvain de 1889-1895; M. le Chanoine Louis-Jacques Langis, V.G., de 1895-1898; pour une seconde fois M. le Chanoine Philippe Sylvain, 1898-1902.

Nous retirons de son autobiographie des éléments spécifiques sur le déroulement de sa vie au Séminaire.

Les débuts de ses études furent lents. Le 8 décembre 1888, dans la chapelle du Séminaire, il se consacre à la Bienheureuse Vierge Marie. A l'avenir, écrit-il: " Marie sera sa mère et les congréganistes ses frères."

Au cours de l'hiver 1889-1890 l'influenza lui fait perdre presque toute son année d'études, ce qui l'oblige en 1891 à reprendre son année de Belles-Lettres. En Rhétorique, il subit avec succès l'épreuve du baccalauréat, et obtient une note élogieuse. L'étude de la Philosophie et de la Physique lui plait. Il réussit assez bien et, à ce second examen universitaire, il est promu au grade de Bachelier-ès-sciences.

Les noms de ses confrères en Philosophie, noms passés à l'histoire, éveilleront chez certains d'inoubliables souvenirs.

Ce sont Messieurs Napoléon Caron, l'Assomption de McNider; Joseph Dastous, N.-D. du Sacré-Coeur; Louis Deschénes, Sainte-Flavie; Victorien Desrosiers, l'Assomption de McNider; Aimé Dion, Rimouski; Paul Gagnon, Port-Daniel; Elisée Gagnon, Port-Daniel; Ernest Lapointe, Saint-Eloi; Charles Lavoie, Bic; Val-mont Martin, Carleton; Elzéar Matte, Rimouski; Désiré Morin, Trois-Pistoles; Argée Roy, Saint-Anaclet.

Alexandre au Séminaire

AU TEMPS JADIS

Le Prospectus de cette institution nous fournit des détails dont quelques paragraphes nous informent de l'enseignement et de la discipline à cette époque:

Le séminaire est situé dans la ville de St-Germain de Rimouski, au bord du fleuve St-Laurent, à 180 milles de Québec. Ici, le fleuve n'a pas moins de 30 milles de largeur et on y jouit de l'avantage des bains à l'eau salée. A deux milles seulement, se trouve un quai où les vaisseaux transatlantiques prennent et déposent les malles. De plus, à quelques arpents de l'établissement est située la gare du chemin de fer Intercolonial qui offre une communication journalière, d'un côté avec les grandes villes de Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, et les Etats-Unis, et de l'autre, avec St-Jean, Halifax, et toutes les autres villes des provinces maritimes. La maison est construite sur un côteau, dans la partie haute de la ville, et l'on y jouit d'une vue splendide de tous les côtés. L'air y est très salubre. La maison a des dortoirs spacieux et bien aérés; des salles d'étude et des classes bien éclairées; les cours de récréation sont très vastes et offrent tous les avantages possibles pour les amusements et les jeux.

Le cours d'études se divise en deux parties: le cours commercial et le cours classique.

Les élèves qui le désirent apprennent aussi la musique instrumentale et le dessin. Tous suivent des leçons de chant. La maison possède un corps de musique.

L'enseignement est donné par des prétres et des ecclésiastiques.

Le Grand et le Petit Séminaire sont tous deux affiliés à l'Université Laval; tous les élèves jouissent par conséquent de l'avantage de prendre des degrés universitaires.

La morale et la discipline des élèves sont sous la surveillance constante d'un Directeur-prêtre et de plusieurs ecclésiastiques.

Tous les élèves sont tenus d'assister aux exercices religieux de la maison.

II n'est permis d'être externes qu'aux élèves qui, en allant coucher chez leurs parents, peuvent suivre régulièrement les classes du Séminaire. Les seuls parents chez lesquels on pourra être externe, sont le père ou la mère, le grand'père ou la grand'mère. la sueur ou le frère mariés.

Le costume consiste en un capot de drap bleu avec nervures blanches, descendant plus bas que le genou, une ceinture en laine verte, pantalon noir, une casquette en drap bleu avec une nervure blanche.?

UN CHOIX

Dieu façonne les âmes selon les desseins qu'il a sur elles: il les prépare par une gradation insensible, d'une manière mystérieuse, à l'accomplissement de leur vocation. Mais on doit dire qu'en règle générale il les façonne par la souffrance - la " bonne souffrance. " Sous une forme ou sous une autre, la croix est icibas le moyen normal de la sainteté. Heureuse l'àme qui en accepte le joug! - Mgr Trochu.

L'heure est sonnée pour Alexandre de faire son choix, de se déterminer. Il a réfléchi, il a médité et prié. Toutefois ce n'est pas sans heurt, sans hésitation, ce n'est pas sans recul même, que se dessine le plan de Dieu. Ses notes, à ce moment, sont fort révélatrices.

Dès 1892, il songe à l'avenir. La faiblesse de sa santé, jointe à un certain dégoût pour l'étude, lui font tourner ses regards vers une position commerciale. Il fait part de ses résolutions à son directeur de conscience. Celui-ci, après l'avoir entendu, l'engage à continuer ses études. II suit ce conseil et, le 25 mai 1895, il demande la soutane. Le 27 août de la même année, à quatre heures de l'après-midi, il quitte la livrée du monde pour se revêtir de celle du divin Maître.

Le ler septembre 1895, dans la cathédrale de Rimouski, il reçoit la tonsure des mains de Monseigneur A.-A. Blais, deuxième évêque du diocèse de Rimouski.

Ce jour même partagent un semblable bonheur: MM. E, Caron, E. Lepage, C.-B. Beaulieu, J. Léonard, D. Morin, E. Matte, A. Dion, A. Roy, P. Gagnon.

A cette époque, après deux ou trois années de préparation, l'Eglise désigne officiellement les futurs prêtres en leur donnant la Tonsure. Ils sont désormais marqués pour le service du Seigneur.

La Tonsure n'est pas à proprement parler une ordination. Elle ne donne en effet aucun pouvoir ni sur l'eucharistie ni sur le peuple chrétien. L'Eglise, cependant, n'admet personne à la première ordination s'il n'est déjà tonsuré.

(...) Avant de donner à saint Pierre le pouvoir de régir son Eglise, jésus lui avait demandé: a Pierre, m'aimes-tu? x Avant de confier à un homme une parcelle si petite soit-elle de son autorité sur le peuple chrétien, l'Eglise lui demande de proclamer son amour de Dieu et d'en faire la preuve.

Le jeune ecclésiastique a saisi l'exigence du Seigneur. A partir de ce moment, les sacrifices ne l'effraient plus; il s'est donné tout à Dieu et ne veut plus que lui seul. Dans la même année, il fait partie du Tiers-Ordre de saint François, il prend le nom de Père Jean-Marie Berchmans.

Avant de franchir l'une des dernières étapes, le règlement du Séminaire exige que les élèves, aspirant à l'état ecclésiastique, présentent une attestation de leur Curé.

Voici la teneur de celle-ci conservée aux archives de l'Archevêché de Rimouski:

Je soussigné certifie, curé à Saint-Anaclet, que Monsieur Alexandre Bouillon, ecclésiastique a passé ses vacances dans ma paroisse, édifiant le peuple par sa conduite exemplaire.

Donné à Saint-Anaclet, 23 août 1896.

M.R. Bilodeau, Ptre.

La montée au Sacerdoce comporte divers degrés. Le  29 août 1897, dans la chapelle du Séminaire, Monseigneur l'Evêque de Rimouski lui confère les Ordres Mineurs. Le 4 et le 18 septembre 1898, le même dit Seigneur et Evêque, dans la même dite chapelle, lui confère les ordres sacrés du sous-diaconat et du diaconat.

Vous accordez, Seigneur, les dignités, vous distribuez les saints ordres, vous attribuez à chacun ses fonctions...

Vous avez établi dans votre Eglise trois ordres de ministres assurant, chacun à son rang, les tâches essentielles de l'évangélisation, de la distribution des sacrements et du gouvernement.

ÉVOCATION

Etonnamment silencieuses et discrètes se présentent à nous, les annales du Séminaire au temps des études d'Alexandre Bouillon. Des dix ans passés en cette maison on ne retrouve que de faibles échos des fêtes de jadis. Une seule fois il est mention de MM. les abbés A. Bouillon et Ch. Lavoie, comme diacre et sous-diacre à la messe solennelle de la fête de StThomas d'Aquin, le 7 mars 1899.

Ces séminaristes n'ont pas connu la joie de s'exprimer dans un journal de leur collège. Ce n'est que plusieurs années plus tard que s'ajoute cet élément animateur.

L'un de ses confrères en Philosophie, le Très Honorable Ernest Lapointe, alors Ministre de la justice, écrira le 1 juin 1936 à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la Vie Ecolière ce qui suit:

Je suis heureux de profiter du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de la Vie Ecolière pour rendre au Séminaire de Rimouski l'hommage de ma reconnaissance et de mon bon souvenir.

De mon temps, les élèves ne rêvaient pas au luxe de voir imprimer leurs aspirations et leurs sentiments. Qu'ils sont heureux les écoliers d'aujourd'hui, de pouvoir s'entrainer à se servir de cette arme redoutable de la presse.

Maintenir la publication de la Vie Ecolière durant vingt-cinq ans, cela constitue une sorte d'exploit que pourraient envier bien des publicistes.

Cette oeuvre, née et nourrie du dévouement de la charité des prêtres, ne survit que grâce à l'enthousiasme de la jeunesse qui se renouvelle à l'Alma Mater.

Ernest Lapointe

Le séminaire de Rimouski a donné à la Société et à l'Eglise canadienne d'illustres Pasteurs, d'éminents Chefs civils et de valeureux pères de famille.

Depuis 2000 ans, l'amour de Jésus-Christ pour ses pauvres conduit des hommes et des femmes à la pauvreté partagée. Cette invite mystérieuse le " pauvre de Yahweh " l'a entendue. Il se livre à son action libératrice. Demain, il partagera avec le Peuple de Dieu les divines effluves dont il deviendra par l'onction sacrée le fidèle instrument.


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Publications diocésaines
Biographies des prêtres décédés