Archidiocèse de Rimouski

Une parabole pour Chantiers 2001-2002

Église de pierre ou Église de chair?


Chant:

1. Ô nuit ! viens apporter à la Terre
le calme enchantement de ton mystère.
L'ombre qui l'escorte est si douce !
Si doux est le concert de tes voix chantant l'espérance !
Si grand est ton pouvoir,
transformant tout en rêve heureux !
2. Ô nuit ! oh ! laisse encore à la terre
le calme enchantement de ton mystère.
L'ombre qui t'escorte est si douce !
Est-il une beauté aussi belle que le rêve ?
Est-il de vérité plus douce que l'espérance ?

Il y avait, à plusieurs années d'ici, un endroit à mystères, un lieu béni dont le nom n'est pas encore parvenu aux cartographes.
Le jour, il y avait de reflets de nuit; car des questions énigmatiques voilaient la Lumière.
La nuit, on s'approchait de l'une ou l'autre des étoiles et on savourait quelque réponse d'espérance.

Le grand jour du LOGOS arriva. Là, la PAROLE se fit chair... dans les enfants.
Ils étaient les meneurs de l'Événement.
Ce jour-là, eux seuls offraient la Parole.
Tôt le matin, ils s'affairaient sur la place aux échanges, en face d'une construction haute, solide, fière et belle... vieille cependant. On l'appelait : Le DÉPÔT.

Des gardiens préoccupés, hommes et femmes, en faisaient le tour et posaient dessus un regard transformant.
C'est ainsi qu'on la voyait tantôt blanche, tantôt grise, tantôt à moitié démolie, tantôt fleurie... mais jamais jeune.

Un enfant s'approche d'une gardienne préoccupée et lui dit : Es-tu pressée ?
La gardienne, sans sourire, hésite à répondre tout en posant sur l'enfant un long regard.
L'enfant ressemblait maintenant à une fleur. Il dit à la gardienne :
«Toi, viens suis-moi !»

Deux enfants, dix enfants entraînèrent ainsi les gardiens préoccupés au regard transformant.
Le pas était lent, car on gravissait une colline.
Chemin faisant, les gardiens échangèrent des regards empreints de rêve et fleurirent aussitôt.
C'était un spectacle étonnant et saisissant de mystère.

La floraison s'avançait, conduite par les enfants-fleurs, poussée par une voix inaudible qui agissait le coeur:
«Voici que je vais faire du nouveau qui paraît déjà, ne l'apercevez-vous pas ?» (Isaïe 48)

Au sommet de la colline, enfants-guides et gardiens du DÉPÔT s'arrêtèrent à distance de communion.
Un immense chantier s'étendait devant eux.
Un champ immense... à perte de vie, qu'un regard a rempli de mille et une fleurs, immobilisées sur mille et une passions.

Ce qu'ils perçurent était à la fois si fascinant et si angoissant qu'ils tentèrent de se détourner.
Mais une fleur n'a ni dos ni devant. Toujours en face, toute entière exposée à tout vent, sensitive tout le tour.
À cet instant, un irrépressible désir de donner la Vie saisit les gardiens du DÉPÔT et un chant puissant s'éleva de leur corolle.

Un chant inconnu dont personne jusqu'à ce jour n'a pu dire : «Je le savais déjà !» (Isaïe 48)
À peine les premières harmonies furent-elles soufflées qu'une poudre d'or s'éleva des fleurs de la colline.
Et les enfants, toujours en quête de créer, se mirent à souffler sur les rêves dorés; de la colline à la vallée, de la vallée à la colline, en courant et en criant :
«Toi, viens, suis-moi!»

Couvertes de l'ombre d'or, colline et vallée furent bientôt liées dans un processus incontrôlable de fécondation.
Et la clameur de leur passion monta jusqu'au Créateur, et les fleurs ne savaient plus où porter cette Vie qui poussait en elles;
car, elles étaient devenues fruits, chacune selon son espèce.
Alors les enfants-fruits animés par le LOGOS s'écrièrent:
«J'ai entendu, j'ai entendu votre cri, voici que je vous envoie pour sortir mon peuple d'Egypte !»
On comprit dès lors que le regard fait fleurir et que la rencontre porte son fruit.

Puis l'on se mit en route pour d'infinies rencontres.
Et soudain, on fut aux portes du DÉPÔT et on y entra.
Les poutres étaient lézardées et couvertes de vert-de-gris.

Et voici que dans le sanctuaire, chacun reprit forme humaine, tenant son fruit dans ses mains, pour l'OFFRANDE.
Une immense coupe était là pour les recevoir.
À cet instant, un souffle enflammé passa au-dessus des offrandes, qui les unifia et fit de tous une seule boisson confortante et "communifiante".
Après avoir bu, on perdit contrôle de son coeur et une hymne céleste en jaillit qui perça les murs du DÉPÔT et résonna dans tous les coins de la ville.

Chant:

Que nos coeurs pour louer sa grandeur,
Exultent de joie en sa présence.
1. Venez tous acclamer le Seigneur,
Chanter ses bienfaits et sa puissance.
II est grand plus que tout notre Dieu,
Sa gloire illumine tous les êtres.
2. Il créa l'océan et les flots,
Il a les espaces pour domaine;
Devant Lui, fléchissons le genou,
Honneur et victoire Lui reviennent.
3. Mais Il est avant tout le Pasteur,
Et sur son troupeau, toujours Il veille.
Gardons-nous d'endurcir notre coeur,
À tous ses appels, prêtons l'oreille.

La puissance des voix cordiales ainsi unifiées délogea pentures et chevilles des murailles. On le sut au fracas qui suivit quand une foule inconnue apparut qui disait: «Nous avons vu une lueur au-dessus du DÉPÔT et nous avons entendu votre musique. Pouvons-nous danser avec vous ?»
Et le LOGOS répondit par le choeur des enfants: «Allez sur la place aux échanges, maintenant je fais toutes choses nouvelles ! (Apocalypse 21, 5)
Cette ville a désormais pour Temple le Seigneur ! (Apocalypse 21, 22) Elle n'a besoin ni du soleil, ni de la lune pour l'éclairer, car la gloire de Dieu l'illumine !»
La place de la ville était d'or pur. (Apocalypse 21, 21)
Au milieu de la place coulait le fleuve de Vie. Il fait pousser l'Arbre de Vie qui produit du fruit tous les mois et ses feuilles servent à la guérison des nations ! (Apocalypse 22)

J'étais là le jour où la Parole a pris chair et je puis vous assurer qu'elle ne s'en est pas retournée sans avoir réalisé le but que Dieu s'était fixé. (Isaïe 55, 11)

Une foule passionnée avait pris vie ! Une Église est née !

Texte original par Sr Albertine Audet, o.s.u.
Présenté lors du Carrefour du 29 septembre 2001
portant sur Notre Chantier diocésain 2001-2002


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