Abbé JEAN-BAPTISTE GAUVIN
(1908-1993)

Le diocèse de Rimouski est en deuil du dernier prêtre d'une famille qui avait donné quatre vocations sacerdotales à notre Église diocésaine. Jean-Baptiste Gauvin est décédé, le 15 août 1993, au Centre hospitalier régional de Rimouski à l'âge de 85 ans et 1 mois. Les funérailles ont été célébrées à la Cathédrale de Rimouski, le 18 août 1993, en présence des confrères, parents et amis du défunt. Mgr Bertrand Blanchet, archevêque de Rimouski, a présidé l'assemblée. La dépouille mortelle a été inhumée au cimetière paroissial de Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, à Rimouski.

Né à Notre-Dame-du-Sacré-Coeur le 8 juillet 1908, de Joseph Gauvin, cultivateur, et de Christine Gagnon, Jean-Baptiste Gauvin fit ses études classiques au Séminaire de Rimouski (1922-1927) et au Séminaire de Philosophie de Montréal (1927-1929). Il poursuivit ensuite ses études théologiques aux Grands Séminaires de Montréal (1929 à janvier 1931), Rimouski (janvier à juin 1931) et Québec (1931-1933). Sa présence dans trois institutions différentes s'expliquait en fait par la sérieuse crise économique qui sévissait alors. Au terme de sa formation sacerdotale, il reçut une licence de Théologie en plus du brevet de Philosophie obtenu un an plus tôt de l'Université Laval. Le 29 juin 1933, il était ordonné prêtre par, S.E. Mgr Georges Courchesne, en la Cathédrale de Rimouski.

Sa première année de sacerdoce l'amena d'abord à Québec. Nommé professeur de Philosophie au Petit Séminaire, il entendait alors poursuivre du même coup des études supérieures à l'Université Laval. Cet emploi de professeur s'avéra bien vite inconciliable avec les études, il dut donc se résigner à abandonner son projet. Après deux ans passés à Québec, Mgr Courchesne le rappela à Rimouski, non sans lui laisser entendre qu'il pourrait un jour prochain parfaire sa formation. En septembre de 1934, il était nommé professeur au Séminaire de Rimouski. Comme à Québec, il était chargé d'y enseigner la Philosophie. Deux ans plus tard, Mgr Courchesne lui proposa d'aller en Europe pour y compléter ses études. L'offre acceptée, il se rendit à Rome pour obtenir le doctorat en Théologie de l'Angélique. Il y défendit avec succès une thèse portant sur Le Commandement d'après Saint Thomas. L'automne suivant, il s'inscrivit à l'Université de Louvain pour trois années d'études philosophiques. En deux ans, il put s'acquitter de sa scolarité au complet. Malheureusement, il n'eut pas le temps, en raison de la guerre, de rédiger et soutenir sa thèse consacrée à La Prudence dans l'exercice de l'autorité.

De retour au Canada, non sans avoir vécu des moments difficiles durant la traversée, il reprit sa charge de professeur de Philosophie au Séminaire de Rimouski. Durant les dix années qu'il passa dans cette institution, il collabora à plusieurs reprises aux revues diocésaines, tels la Vie écolière et le Centre Saint-Germain. Il signa également quelques articles dans le Canada-français et L'enseignement secondaire. Dans deux livraisons de ce périodique, il exposa sa façon de voir l'enseignement de la Philosophie et les réformes qu'il jugeait à propos d'y apporter. En créant une polémique cet article aura peut-être contribué à l'avancement de la Philosophie en préconisant l'usage plus courant du français dans l'enseignement de cette science et l'utilisation d'une traduction française du manuel officiel, resté unilingue latin jusque-là. En plus de ses contributions littéraires, la région put égaiement profiter de ses connaissances théologiques et philosophiques diffusées par le biais de ses causeries données à la radio locale et de ses prédications.

L'année 1949 apporta une nouvelle orientation à sa carrière. À partir de ce moment, il occupa durant plus de quatorze ans les fonctions de principal dans trois écoles normales : Matane (1949-1952), Sainte-Rose-du-Dégelis (1952-1957), et Mont-Joli (1957-1963). Conjointement à ses fonctions de principal à l'École normale de Matane, il occupa également le poste d'aumônier diocésain à la Fédération des commissions scolaires du diocèse de Rimouski (1949-1952). En 1958, le Département de l'Instruction publique lui adressa une commande bien particulière, celle de rédiger un manuel destiné aux élèves des écoles normales du Québec. Le manuel commandé eut pour titre Le Foyer et la cité. Il comprenait trois volumes concernant les questions de Philosophie familiale (1959), de Doctrine sociale (1960) et de Vie civique (1962).

En 1963, Mgr Parent lui demandait de prendre en charge une paroisse. Sans trop de regret, il accepta d'abandonner sa carrière dans l'enseignement pour oeuvrer dans ce nouveau ministère. Ne dit-il pas dans son autobiographie que "c'est surtout dans le ministère paroissial que le prêtre a le sentiment de remplir adéquatement la mission confiée aux Apôtres" (Évocation, p. 159). C'est de bon gré, donc, qu'il devint curé de paroisse, d'abord à Saint-Rémi de Price (1963-1972), puis à l'Annonciation de Nazareth, à Rimouski (1972-1977).

1977 marqua pour lui l'annonce de la retraite. Cette retraite ne fut cependant pas sous le signe de l'inaction. Installé à Rimouski, il faisait bénéficier les paroisses, communauté et centre d'accueil de la ville de son apostolat. En 1981, on lui proposa un retour au ministère actif ; la desserte de Rivière-Trois-Pistoles étant vacante. Cette offre tombait à point nommé. Ce ministère constituait pour lui un véritable "dessert", comme il se plaisait à le dire ; un "dernier service à rendre à l'Église diocésaine" (Évocation, p. 185). C'est à Rivière-Trois-Pistoles qu'il mit la dernière main à ses mémoires, qu'il publia sous le titre d'Évocation en 1983. Au terme de son mandat paroissial, en 1986, il avait fixé sa résidence à Rimouski. Durant les dernières années de sa vie, notre Église diocésaine pouvait encore bénéficier des services de son ministère. Depuis quelques années, il était pensionnaire au Foyer de Rimouski.

Dans son homélie, Mgr Blanchet a su relever la foi profonde qui animait l'abbé Jean-Baptiste Gauvin. Comme notre Évêque, nous pouvons dire que "Dieu s'est penché sur lui à toutes les étapes de sa vie, d'âge en âge".

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